Les amoureux de Shakespeare revivent dans le théâtre romain

Les amoureux de Shakespeare revivent dans le théâtre romain Les amoureux de Shakespeare revivent dans le théâtre romain HMNgAIS Verone, acuì. Ils s'engagent, déjà émus, dans la via Cappello, ils franchisscnt, tremblants, le portail de la maison od, selon la legende habitèrcnt les Caputeti et Juliette; ils se font traduire les mots écrits sur la plaque à l'entrée de la maison, et qui rappellent comment pour la pauvre lille « pleurèrent tant de coeurs nobles et chantèrent Ics poètes ». Ils contemplent le baicon où Juliette s'accoudait et à coté le mur rccouvert d'un lierre immolici qui aidait Romeo dans son asccnsion vers son aimée. L'intérieur a été restauré et ouvert au public il y a à peine un mois: il y a dcs chambres et des salons pleins de meubles de l'epoque, et sur trois étages d'autres balcons, grùce auxquels on coritempie une fuiie cnchanteuse de toits et de tours. Les visiteurs ferment les yeux, imaginent la voix de Romèo qui prononce les vers shakespeariens gravés sur une autre plaque dans la cour: « Mais quelle est donc cette lumière qui déchire l'ombre à ce balcon? Voici l'Orient et Juliette est le sole i !. Oh, c'est ma dame, c'est mon amour ». Ils revivent ces baisers fugitifs dans la nuit, ces phrases tendres, cette passion légendaire. Puis, ils vont via Arche Scaligere, jusqu'à la maison des Montecchi et de Romèo: malhcurcusement, c'est une maison privile, on ne peut en voir que l'exlérieur, avec une autre pierre et une autre phrase tirée de l'oeuvre de Shakespeare. Enfiti une étape au couvent de Saint Francois, pour une photo, la main dans la main, devant la tombe des deux amants. Elle est vide depuis des siècles, lieu de pclcrinage depuis la Renaissance: jusque là, Ics religieuses du couvent s'en étaient servies comme d'un lavoir. C'est un itinéraire obligatoire pour les clcux millions de touristes qui chaqus été viennent à Verone: un million d'Allemands, trois cent milles Danois, trois cent milIcs Mollandais, cent milles Bclges, quatre vingt dix milles Francai* et Autrichiens, soixante milles Anglais et autres. Mille vols de charter dans la saison, et les trains et les voitures. Verone se remplit d'une foule cosmopolite, comme on n'en voit qu'à Rome, foule qui assiège les quatre vingt sept hótcls de la ville et les rives du lac de Garde, à vingt minutes de volture, riches en campings et villages enchanteurs faits de bungalows pour les touristes, en hótels raifinés comme celui de la pointe San Vigilio, hotel de prédilection de Churchill. Ils viennent parce que Verone est un croisement obligatoire pour tous ceux qui arrivent du Nord; ils viennent pour la saison lyrique de l'Arène, ils viennent pour l'été théàtrale, mais surtout pour entendrc les voix de Romèo et Juliette, qui résonnent encore dans la citadelle. Dans cette ville qui a su conserver intact l'écho de deux mille ans d'histoire, dans cette ville faite de raccourcis enchanteurs, de tours, de balcons, de maisons pleines de fresques, de puits, de fontaines, de murs crénelés, d'escaliers, de cours, de grilles, de réverbères vieux de plusi."vr: siècles, dans cette ville qui le soir se teint de Iumières magiques et mystérieuses, la représentation de la douloureuse histoire d'amour est toujours imminente. Mais cette année, les imaginations du touriste appuyé au balcon de la via Cappello, deviennent une réalité. Pour le vingt-cinquième festival shakespearicn, qui a déjà vu du 4 au IO juillet les représcntations de « Antoine et Cléopatre », il y aura « Romèo et Juliette ». Ce sera, bicn sur, dans un cadrc antique et suggestif: le théàtre romain, sous la colline Saint Pierre et le Chàteau de Théodoric, au bord de l'Adige, du 3 au IO aoùt. Après neuf ans, pendant huit soirs, la legende, les larmes, les voix des deux amoureux, qui depuis dcs siècles ici, imprègnent mème l'air, se matérialiseront sur la scène. Cyclopique Vicenza, aoùt. Il fut vraiment l'architecte le plus imité du monde, cet André, humble fils du meunier padouan Piero Dalla Condola, et de Marthe « la boiteuse », rebaptisé Pallade par son mécène, l'écrivain Giangiorgio Trissino, et devenu l'ami des papcs, cardinaux, princes et artistes. De lui, il nous est seulement reste l'oeuvre fascinante et cyclopique: pas une biographie, pas une phrase, pas un portrait. Meme pas le squelette: dans la tombe que l'on a toujours considérée comme sienne, dans l'église de la Sainte Couronne, il y avait dix-huit crànes, et on lui attribua celui qui avait le plus haut front, les caraetéristiques anatomiques plus voisines à la perfection. Nous savons seulement la date de sa naissance et celle de sa mori: 1508-1580. A Vicenza, sa ville d'adoption, il a laissé des églises et des palaia: la basilique, la Loggia du Capitaine, le palais Thiene, le théàtre Olympique. Ailleurs, dans la Vénétie, d'autres églises, et surtout les fameuses villas: la Rotonde, à trois kilomètrcs de Vicenza; la Mécontente de Mira; villa Pisani à Montagnana; l'église du Rédempteur à Venise. On l'a copie un peu partout, et tout le monde un peu: en Angleterre, peu après sa mort, et puis en Italie, en Pologne, en Russie, en Allemagne, au Danemarque, en Irlande, aux Etats Unis. Vicenza a voulu rendre hommage à ce grand architecte avec une « année palladienne ». La principale manifestation est l'exposition qui aura lieu dans la basilique du 30 mai au 4 novembre. Il y a des photographies, des dessins autographes et surtout, les modèles en bois, très fidèles, des projets originaux, que Pallade rèalisa toujours avec beaucoup de peine parce que les nobles qui l'employaient se révélaient par la suite trop pauvres pour porter l'oeuvre à son terme. A coté, une « exposition de l'ameublement au 16° en Vénétie », qui reproduit, fidèlement l'intérieur d'une maison patricienne, l'exposition dédiée à Inigo Jones, le premier qui porta en Angleterre le style palladien. Pourquoi Pallade eut-il autant de succès dans le monde? « Parce que plus que tout autre — dit le directeur de la collection et du centre d'études palladiens de Vicenza, le professcur Cevese — il a su reproposer le classicisme dans sa doublé expression, green-.; et romaine; un classicisme non appris dans les livres mais par l'expérience directe des monuments romains, qu'il étudia, mesura et révéla avec amour. 11 ne fut pas un architecte hors du temps; le classicisme compris comme riarmonie et beauté était à la base de son credo poétique ». La Riviera Portofino, aoùt. L'eau de la mer avait alors la rare transparence du cristal, l'air piquant était balayé par un vent léger, le froid supportale, les montagnes derrière les ecueils étaient vertes, les maisons rares. Quelques privilégiés, en redingotes et chapeaux melon, oubliaient en de longues promenades sur la Riviera du Levant, les sombres et brumeux hivers britanniques. Des sujets fortunés de sa Majesté anglaise passaient des hivers non rudes à Nervi, Rapallo et Chiavari, sur le promontoire de Portofino, de Sainte Marguerite et de l'inoubliable Mont Saint Fructueux. D'autres préféraient Sestri Levante ou les Cinq Terres, ou encore Lerici et Portovenere, perles du Golf de la Spezia. Puis le rhytme qui fait tourner le monde a changé. Au début du siècle, on parlait déjà du tourtsme en termes concrets, les gens avaient trouvé le courage de prendre des bains de mer et de soleil. De Génes à La Spezia, on peut compier 150 kilomètres de còtes variées: plages sableuses ou à galets qui alternenl avec d'autres ecueils, voici le siège naturel d'une industrie, le tourisme. Le développement a été Constant, frénétique, certains centres ont perdus leur reposantc physionomie primitive; tous se sont mis à la page, d'innombrables petits ports de péche se sont transformés en havres pour yacht et motoscaphes de haute mer recherchés. Les Italiens sont arrivés, nombreux; mais les étrangers continuent a démontrer leurs propres faveurs à la Riviera. Et ils viennent de toutes les parties du globe, ils sont Anglais, Suisses, Francais; certains descendent dans des villages réservés, comme les Allemanda à Camogli, les Hollandais à Sestri Levante ou les Autrichiens à Lavagna. D'autres, comme les Américains, romantiques inguérissables, arrivent en groupes sur le promontoire de Portofino et souvent ne s'arrètent que le temps d'un lunch rapide et d'une mini croisière.